" Pour adapter La rencontre de Santa Cruz, il m’a fallu me souvenir de l’enchantement de ma jeunesse, quand j’entendais, traversant la télévision, sa voix de poète nous parler à tous de mondes merveilleux… et réels. Les mondes de romanciers lointains, parfois venus jusqu’à nous depuis l’Inde, parfois depuis le continent sud-américain. Lectures ... pour tous ! Nous savions alors, à l’entendre nous parler de leurs livres, que des hommes, là-bas, et des femmes, comme nous, rêvaient. Et les couleurs, les parfums, les ardeurs de leurs rêves, lui savait nous en donner les clefs. Et, toujours, toujours, là-bas comme ici : « figure de proue, la liberté ».

Le roman d’un poète demeure, en secret, poésie. Pour Les misérables comme pour La rencontre de Santa Cruz cela se vérifie. Dolorès, vous verrez, se dessine sur la toile de votre imagination comme Jean Valjean sur la conscience de notre fraternité. Et vice-versa.

Marius est notre ami, notre frère, notre égal, comme Ruiz est notre défi. Et les olvidados, les oubliés, sont bien nos misérables d’ici.

Pour le narrateur, l’Europe a trahi. Trahi ses rêves d’Égalité ; trompé tous ceux qui espéraient en elle pour atteindre davantage d’humanité… ou bien : enfin l’Humanité !

Et puis elle s’est, dans sa folie, massacrée elle-même… jusqu’au délire. La liste des lieux qui portent les traces de sa haine nous environne et nous alerte. Enfin « la gauche » a trahi en couchant avec la bureaucratie.

Désillusionné, il part se perdre dans la pampa, ou peut-être plus au nord, peut-être au Mexique. « Se perdre » au sens où l’on s’efface, où l’on s’allège, où l’on ne prend plus parti, une ombre dans l’ombre… Mais peut-on cesser d’être soi-même quand, une fois, la liberté vous a choisi... ? »

La rencontre de Santa Cruz, livre de désespoir et d' "espoir quand même ", crie l'amour des hommes. Max-Pol Fouchet y fait passer sa fantastique culture et la passion politique qui l'ont rendu célèbre : quête de soi, respect de la liberté, affirmation de l'éternité de la Révolution. "